Il n’y a jamais eu de bureau de poste à Chanly, mais un service postal y était bien sûr organisé.
Avant 1800, le service rural était quasi inexistant dans nos campagnes. Les rares lettres étaient acheminées un peu au hasard. Il y avait un service de malles poste qui circulaient sur les grands axes. Pour notre région, il y avait la liaison Liège Marche Tellin Bouillon Sedan. Quand un courrier arrivait pour Chanly, il était bien souvent acheminé par un messager occasionnel connu du tenancier du relais des postes de Tellin. Il le transportait moyennant une rétribution du destinataire. A cette époque, c’était bien souvent ce dernier qui payait la taxe. Le système était compliqué et je pense que le bureau n’avait pas de marques postales.
A partir du premier juillet 1827, un bureau de distribution est ouvert à Wellin dépendant de la perception de Marche. Il ne possède pas de cachet et le distributeur écrit le nom du bureau à la plume. A partir de cette date, un piéton viendra une ou deux fois par semaine à Chanly et remettra le courrier soit directement à l’intéressé ou dans une maison prévue à cet effet (café, maison communale..). On ouvrira également un même bureau à Tellin.
En 1836, création du service rural en Belgique. Le bureau de Wellin va recevoir un petit cachet qu’il frappera en noir sur les lettres partant et arrivant au bureau. Ce cachet ne comporte pas l’année. Un facteur partira du bureau et desservira 3 fois par semaine Halma, Chanly, Ave et Auffe…
A Chanly comme dans toutes les communes du royaume, on va mettre une boite aux lettres (maison communale ou église). Dans cette boite, il y aura un tampon en bois accroché à une chaine et portant un littera en fer (lettre de l’alphabet) que le facteur frappera sur les lettres qu’il y trouvera. Il avait dans son sac une réserve d’encre pour imprégner le tampon. Pour Chanly ce sera la lettre U. Cette lettre était au départ attribué selon un ordre précis de parcours des différentes tournées à partir de Wellin.
En 1840, le bureau de Wellin dépend de la perception de Saint Hubert et en 1842, le service est journalier, dimanche compris.
Petite parenthèse pour expliquer la taxation en usage avant la création des timbres poste. A grande majorité des lettres était expédiée en port du c’est-à-dire payé par le destinataire. C’eut été un affront que de les envoyer en port payé. Quand une lettre arrivait au bureau de Wellin, le préposé notait dans son livre d’entrée le prix inscrit au départ au recto de la lettre. Le facteur qui allait l’amener à Chanly allait demander ce prix au destinataire plus éventuellement un surplus pour sa course (décime rural). Il remettait l’argent en rentrant au bureau car il était payé par l’état. Les choses se compliquaient si le destinataire refusait la lettre qui était cachetée. Certaines lettres souvent administratives étaient cependant envoyées en port payé. Le prix payé était alors inscrit au verso de la lettre et on traçait un grand trait en diagonale au recto. La taxe à payer était fonction du poids et de la distance.
Le premier juillet 1849, les premiers timbres poste sont créés en Belgique. Il n’y aura plus que deux tarifs pour l’intérieur du pays, 10 centimes pour les courtes distances et 20 centimes pour les autres. Bien sûr pour les lettres pesantes c’est plus cher. Le courrier est donc uniquement envoyé en port payé au départ par des timbres. Pour les oblitérer, Wellin va se voir attribuer un deuxième cachet. Ce sera un cachet à 18 barres verticales avec à son centre le numéro 59 (numéro dépendant de l’ordre alphabétique des bureaux de distribution du moment). Il continuera à apposer son petit cachet noir à date à côté. Précisons qu’une distribution avait à peu près les mêmes attributions qu’une perception sauf qu’elle devait rendre ses comptes à la perception dont elle dépendait.
Fin 1853, Wellin reçoit un nouveau cachet à date comportant cette fois l’année. Il est toujours frappé en noir, couleur des distributions (les perceptions avaient la couleur rouge).
En 1858, le cachet à date est modifié et comporte deux croix de Saint André
Le 30 avril 1860, la distribution de Wellin est élevée au rang de perception. Il va recevoir deux nouveaux tampons, le cachet à date qui sera légèrement modifié et un nouveau cachet oblitérant qui sera à 8 barres horizontales avec le numéro 191 en son centre. A cette époque les deux cachets sont frappés en couleur noire.
Le 15 avril 1864, le cachet oblitérant est modifié et est composé de losange de points avec en son centre le numéro 395.
Ensuite on va enfin se rendre compte que l’utilisation de deux cachets n’est pas indispensable et on créera un cachet à double cercle avec date qui sera unique et apposé sur le timbre.
Puis ce sera un simple cercle ;
Enfin la situation évoluera comme partout avec les cachets que l’on connait et les services postaux vont avoir à leur disposition des moyens très rapides de communication et tout compte fait cela ne va pas plus vite qu’en 1850.
En 2011, le village de Chanly est toujours desservi par Wellin et possède 3 boites aux lettres qui sont levées 1 fois par jour. Deux distributions, une pour les journaux très tôt et une pour le courrier dans la matinée car il y a plus d’un facteur impliqué avec le système géo-route.