Bien que le nom soit connu des gourmets de la région et des promeneurs avisés (il apparaît d’ailleurs toujours dans les promenades du site de la Grande Forêt de Saint-Hubert), son origine reste méconnue… L’auteur tente d’éclaircir son origine.
Anciennement, une grosse ferme, relais de poste, auberge, était située le long de la route nationale actuelle, allant de Dinant à Arlon. Mais plus anciennement encore, elle bordait la route Marie-Thérèse qui venait de Namur par Beauraing (ensuite Vonêche et Sohier) et partait vers Libin et Arlon. Cette route avait été créée pour éviter des péages de la principauté de Liège.
Cet imposant bâtiment était en fait sur la commune de Chanly et sur la rive droite de la Lesse dont elle n’est séparée que par la route. Pour être précis, cette maison est quelques centaines de mètres après le pont sur la Lesse en sortant de Neupont vers la Barrière de Transinne.
Paul Dambly de Chanly m’a raconté que son arrière-grand-père conduisait ce qu’on pouvait appeler la malle-poste et passait régulièrement par ce relais où il s’arrêtait et y passait parfois la nuit. Il y avait là de quoi se reposer et faire manger les chevaux.
Un dur hiver de 1840, il rentra ses chevaux dans une grange mal fermée et en mauvais état et s’installa dans une mangeoire avec une couverture pour y passer la nuit.
Le lendemain matin, les chevaux avaient disparu. Il les chercha dans la neige et les retrouva dans une clairière, formant un cercle pour se protéger des loups qui les pourchassaient.
(Il existe toujours à Chanly, une ruelle appelée » Ruwelle des leus » et qui conduirait vers le lieu où les loups attaquèrent les chevaux de la malle-poste. Notons que ce site, ainsi que les anciennes fonderies de Neupont auraient du disparaître si le projet » Lesse III » avait été réalisé.)
Mais revenons à notre maison. Au début des années 1900, les malles-poste se faisaient plus rares, mais la route était toujours aussi fréquentée. L’auberge avait toujours du succès. Elle allait connaître de nouveaux propriétaires.
Un nommé Louis Albert Frogneux, né le 23 septembre 1871 à Neupont (à cette époque, Neupont, Halma et Chanly étaient une même commune) était le fils de Joseph, instituteur retraité et Thérèse Albert, domiciliés à Neupont. Il devint ouvrier d’usine. Il fréquentait régulièrement un petit café situé sur la commune de Redu, au lieu-dit Ry des Glands. Ce café n’existe plus actuellement et a été rasé avant la guerre de 1914. Il était en face de l’hôtel du Ry des Glands, juste de l’autre côté de la route, qui a longtemps été exploité par M.Mme Lardot-Philippe et qui est maintenant une dépendance de l’Hôtel du Moulin de Daverdisse . Il était le long du ruisseau de même nom (qui ne fait pas exactement limite entre Redu et Chanly).
Ce café était tenu par Emile Ghislain Baligant veuf de Marie Félicie Bauche (y décédée en 1889). C’était en quelque sorte le premier café Baligant. Ce couple était venu de Daverdisse et avait une fille, Marie Euphrasie née le 8 octobre 1876.
Le 27 mars 1896, Louis Albert Frogneux épousa à Redu, notre Marie Euphrasie. Il reconnaîtra l’enfant qu’ils ont eu en mai 1896 et qui porte le nom d’Albert Emile.
Ce couple va venir habiter l’auberge dont il est question plus haut et y faire commerce. C’est ainsi qu’on lui donnera le nom de famille de l’épouse qui en était aussi la tenancière.
Le temps a passé, l’auberge est devenue un restaurant renommé qui fut repris par la famille du Wels. Plusieurs cuisiniers connus (notamment M. Bruchet de Vonêche, Michel de Resteigne) y travaillèrent et bien des amateurs de bonne chère s’y restaurèrent.
Actuellement, le restaurant est devenu un domicile privé toujours très imposant.
Sources : Archives de l’État de Saint-Hubert – État civil des communes de Redu et Chanly