A l’indépendance de la Belgique en 1830, l’église de Chanly se fait vieille. La tour est notamment en très mauvais état. Il faudrait faire quelque chose, mais comme d’habitude, cela va prendre du temps. Le conseil communal doit d’abord prendre une décision. A cette époque Chanly est réunit à Halma et on a beau parler « d’une longue histoire d’Amour », cela me laisse assez sceptique. Au début de la procédure qui va nous intéresser, il y a 7 membres dans le conseil communal de Chanly-Halma, 4 sont de Chanly et 3 d’Halma. Cela semble raisonnable puisque la population de Chanly est encore plus importante que celle d’Halma. C’est le dénommé Herman de Chanly qui est bourgmestre, Wansart et Gilson sont échevins, tandis que Pierre Joseph Martin, Jean Joseph Martin et Golenvaux sont conseillers et secrétaire.
Voici un résumé de ce que nous rapportent des conseils communaux de cette année :
« Il faudrait faire quelque chose pour l’église, le presbytère et le cimetière de Chanly car l’église surtout tombe en ruines et c’est dangereux pour les fidèles. Le Conseil voudrait construire du nouveau. Deux projets sont avancés. Le premier serait de raser l’ancienne église entourée du cimetière et du presbytère qui se trouve (à l’emplacement actuel) sur la rive droite de la Lesse, puis d’y reconstruire la nouvelle. L’autre serait de la construire, rive gauche au lieu-dit Tombois ».
En 1843, la majorité des gens habitent sur la rive gauche de la Lesse et voudrait que cette église soit construite au Tombois. Cependant, il y a aussi des partisans pour garder l’église où elle est.
Un peu plus tard, c’est Joseph Mahy qui est devenu bourgmestre. Il est pour reconstruire l’église où elle est. Les trois conseillers d’Halma sont de son avis. En fait, ils ne sont pas concernés et c’est une question d’influence ? Les trois conseillers de Chanly sont contre.
C’est un peu la guerre au village et avec Halma aussi.
On va procéder à une enquête commodo et incommodo qui fatalement va être en faveur du projet du Tombois puisque la population rive gauche est plus importante. Cependant le greffier Joseph Baré de Wellin venu faire l’enquête va en tirer des conclusions disons pour le moins personnelles. C’est vrai dit-il, la majorité est pour le Tombois, mais c’est plus pour contrarier car ils n’ont pas de vrais motifs ?
La majorité communale, va avancer un tas de raisons pour maintenir son église où elle est. Voici ces arguments :
– Cela coûtera 1.000 francs en plus car il faut faire des fondations sur du rocher
– La commune n’a que 11.000 francs en caisse soit moins des 2/3 que cela coûterait et l’on ne peut vendre tous les bois de la commune
– Le rapprochement de l’église avec celle d’Halma pourrait faire que Chanly ne soit plus succursale (paroisse dont dépendait Halma).
– Les habitants d’Halma risquent de payer pour Chanly
– L’église est au sec ce qui ne sera peut-être plus le cas
– On entendra mieux la cloche car l’église est plus élevée et le long de la grand route.
– L’église était humide à cause des fondations trop basses pour le pavement mais on va la surélever.
– La commune a aussi acheté une propriété voisine ce qui fait que l’entrée sera bien dégagée et libérée.
Les opposants répliquent :
– Halma ne payera pas pour Chanly et elle a d’ailleurs fait une demande pour être succursale. Chanly voudrait la séparation spirituelle et communale car il à toujours désaccord entre les deux sections.
– L’évêque s’impatiente et voudrait une décision rapide.
– Le vrai problème, c’est que le député Lenger est derrière tout cela. Sa sœur habite Chanly et est mariée avec le notaire Lhote. Elle est ainsi à 100 mètres de l’ancienne église. Mais bien qu’elle ne serait pas beaucoup plus loin de la nouvelle, elle veut avoir raison : « C’est pour ses beaux yeux que son frère appuie le premier projet et le maire avec ».
– En 1843, le conseil avait décidé qu’il était impossible de reconstruire sur l’emplacement de l’ancienne.
– On profite de l’absence des conseillers de Chanly pour prendre des décisions.
La raison restera du côté du plus fort à la commune. Le 29 juin 1845 c’est décidé ce sera le premier projet. Le bourgmestre Mahy Joseph de Chanly avec Gilson, Wansart et Randolet d’Halma l’ont décidé.
On fera l’église où elle est et on prendra une partie du cimetière pour faire le jardin du presbytère qui sera aussi reconstruit. Il faudra bien sûr retirer les ossements qui s’y trouvent encore.
Pendant qu’on y est, les conseillers d’Halma qui eux ont déjà une nouvelle église depuis quelques années, profitent de l’occasion pour demander des travaux qui leur seront accordés. On refera le mur du cimetière, on meublera l’église et on construira un nouveau presbytère.
Inutile de dire que pendant plusieurs années, on ne s’est pas dit que des mots d’amour dans la commune. Un dossier de 50 pages en est la preuve. Enfin on reconstruira sur l’ancienne église.
– L’entrepreneur sera Richard Wautriche
– L’architecte provincial sera François Joseph Cordonnier de Neufchâteau
– La menuiserie sera adjugée à Huet Joseph d’Aye qui fait déjà celle d’Halma.
– Le bourgmestre Joseph Mahy sera surveillant des travaux avec Hubert Gilson d’Halma.
– C’est bien sûr la firme Causard de Tellin qui fournira les nouvelles cloches.
La fin des travaux est prévue pour 1847, mais le presbytère ne sera pas encore terminé en 1863.
La rive gauche prendra sa revanche quelques années plus tard et aura l’école au Tombois. C’est une autre histoire que je vous conterai bientôt.
L’église de Chanly telle qu’elle est aujourd’hui | L’église et le presbytère | Le choeur… autrefois. |
Sources : Archives de l’Etat à Arlon