Des soucis pour le moulin de Chanly…

 

Le moulin de Resteigne…

Dans un recensement de l’an 11 (1803), on peut lire qu’il existe une huilerie à Resteigne située le long de la rivière Lesse. Elle daterait des temps immémoriaux.

Une huilerie ou moulin à huile.

Ce sont en général des petits bâtiments non habités. Leur mécanisme est activé par une roue hydraulique et fonctionne pendant les mois d’hiver où l’eau est abondante. Ainsi, ils ne gênent pas les moulins à farine situés dans leur voisinage. Ils sont équipés d’un système de deux meules verticales qui roulent en tournant autour d’un axe dans un plateau. Elles écrasent ainsi le colza, les faines, les noix, le chanvre, la navette qui en sont la matière première. La pâte obtenue (parfois chauffée) est ensuite pressée dans une forme rectangulaire pour en retirer le plus d’huile possible. Le résidu est donné au bétail qui en est très friand.

Les clients apportent ces produits en petite quantité et reçoivent en retour une huile surtout destinée à l’éclairage. On peut également, en la filtrant bien, s’en servir pour l’assaisonnement.

Ces huileries sont disparues vers 1880 avec l’arrivée du pétrole.

Le moulin de Resteigne
Le moulin de Resteigne

On peut penser que le moulin à huile de Resteigne fonctionnait selon le régime de la banalité. Il appartenait à la Cour Souveraine du Duché de Bouillon. Je ne sais quel travail il effectuait avant 1777 .

Petite historique du moulin à huile de Resteigne.

–    Le 14 octobre 1777, la Cour de Bouillon en ordonne la vente par licitation (vente aux enchères faite à un seul acquéreur par les copropriétaires d’un bien qui ne pourrait être partagé sans dépréciation). Le bien consiste en une usine, une batte, une pêcherie et un enclos impartageable, le tout situé le long de la rivière Lesse. L’acheteur est Jean Antoine de Resteigne.
–    Le 2 prairial an X (22 mai 1802), les héritiers de Joseph Antoine vendent à Nicolas Scheser (Schossen ?) qui le revend aussitôt.
–    C’est Joseph Grégoire, meunier à Baronville qui le rachète le 10 thermidor an X (17 juillet 1802).

Projet de Joseph Grégoire : transformer son huilerie en moulin à farine.

Joseph Grégoire demande aussitôt l’autorisation pour transformer son huilerie en moulin à farine. Il argumente ceci :

–    Il respectera les conditions de la Cour de Bouillon qui veut que l’on ne modifie pas les lieux. Il conservera la pêcherie, le réservoir et la digue.
–    Son industrie sera avantageuse pour les habitants de Resteigne qui ne devront plus faire de longs déplacements.
–    Il ne gène pas puisque le cours d’eau n’est ni navigable ni flottable et situé en amont du trou de Han.

L’autorisation suit une procédure assez longue. La commune de Resteigne procède à une enquête Commodo et Incommodo. Les affiches sont mises et les gens invités à venir donner leur avis. Le résultat montre que la commune est favorable car elle ne devra plus aller à Belvaux ou Chanly pour moudre son grain.
Par contre il y a deux opposants. Le meunier de Chanly, Laurent Gauthier et Marie Joseph Florent veuve Célestin Penaux, meunière à Belvaux ne sont pas du tout d’accord et exposent leurs motifs communs en exagérant quelque peu..

–    Cela leur nuira car le moulin de Chanly est seulement à un km et celui de Belvaux à deux.
–    Il y a assez de moulins dans la région très proches dans un rayon de trois km (Ave, Lomprez et Grupont).
–    Ils ont trois paires de meules à leur installation alors qu’avant ils n’en avaient que deux et ils n’ont pas trop de travail. Ils ont aussi deux roues hydrauliques.
–    Les communications sont faciles pour venir à leur moulin.

Dans un premier temps, le sous préfet Dewez de Saint-Hubert donne raison aux deux opposants. Mais Joseph Grégoire n’en a cure et commence ses travaux. Il va mettre 2 roues à aubes et 3 paires de meules sans rien changer à ce qui existait. Il conserve aussi le réservoir qui fait 180 m, situé entre la colline et la prairie, la digue et la pêcherie.
Le 24 prairial an XI (1 juin 1803), il refait une nouvelle demande en signalant qu’il a commencé ses travaux. La hiérarchie s’insurge contre le fait qu’il n’a pas l’autorisation mais reconsidère le problème et finalement lui donne la permission.
Le 12 octobre 1808, le moulin à farine est achevé et vérifié par les Ponts et Chaussées. Resteigne a donc son moulin à farine.

Documentation : Archives de l’Etat à Namur

Remarque: La date de 1688 figure dans la maçonnerie d’un mur à l’arrière du bâtiment. C’est certainement un ajout fait lors d’une réparation. Remplaçait-elle une autre d’époque qui pourrait correspondre à la création du moulin ?

Une seconde est sur la porte d’entrée à l’avant et mentionne 1782. A mon avis, cela ne correspond à rien dans l’Histoire du mais pourrait être un motif décoratif ne concernant que la porte.

A suivre selon mes découvertes

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