La première écriture connue du nom de Chanly date du 2 octobre 925 ou 926, sous la forme « Cansleum » (accusatif latin de « Cansleus »). Les chanoines Doyen et Roland dans la notice relative à Chanly, publiée dans « Les Communes Luxembourgeoises« , ensemble de volumes dit le « Tandel » (1893), relatent d’autres graphies ultérieures: « Kanlui » ou « Kanliu » (1105) et « Chanliu » (1465).
La carte des XVII Provinces de Tobie Conrad Lotter (autour de 1540) indique erronément « Charlin« . On peut lire aussi dans des archives postérieures des « Chanlin« . La dénomination actuelle se trouve telle dans deux cartes manuscrites de la fin du XVIIe, lesquelles reprennent les tracés quelque peu fantaisistes du « vieux et droit chemin de Liège à Sedan » et de « ancien et véritable chemin de Bouillon à Liège par Paliseux (sic) et Tellin« . Le cartographe Fricla, qui avait sans doute sous les yeux l’artistique travail de Lotter, indique sur sa planche de 1744 les deux graphies, l’erronée « Charlin » et l’actuelle « Chanly« , juxtaposées. Enfin, le comte Joseph de Ferraris, qui passera, fin du XVIIIe, dix années à l’exécution d’atlas des provinces belges, consacrera l’orthographe actuelle.
Si dans le « Tandel » on voit dans « Chanly », un « champ-lieu » ou « lieu du champ« , Maurice Bologne avance la thèse que le toponyme proviendrait du latin « cancelli, orum », signifiant: « grille », « espace entouré de barrières », « enclos ». Jules Herbillon, dans « Les noms des communes de Wallonie », rapporte ces deux versions: « établissement dans la plaine » et « enclos ».
Nous penchons, bien humblement, – la toponymie étant une discipline où les faux pas sont légion chez les amateurs – pour cette dernière séduisante approche. L’acceptation du terme »enclos » correspondrait en effet fort bien avec une localisation optimale pour le gros bétail du domaine mérovingien de Wellin, dont Chanly fait partie. N’y a t’il pas une rue de la Boverie et de grasses prairies alluvionnaires de Chanly à Resteigne ? D’autres lieux-dits au long de l’antique voie venant de Givet et passant par Lomprez (« longum pratum »: le grand pré), Wellin et Chanly semblent conforter la proposition. On sait que le Tombois est un cimetière franc et qu’à l’époque le bas-latin est le maître chez nous. Outre des traces évidentes d’un cadastre romain aux « Atlas des Chemins« , bien des sites de Froidlieu à Resteigne évoquent aussi la longue colonisation amorcée dès le Bas-Empire. Un seul exemple: les lieuxdits « Devant Chavry » et « Derrière Chavry » ( de « capra »: la chèvre) pourraient donner à penser à penser que, si le gros bétail bordait la Lesse, le chevrier, lui, régnait entre Wellin et Chanly, non loin de l’important carrefour de: « Les PeIjé » (les chemins carrossables).
Note du webmaster: l’illustration ci-dessous, tracée selon la carte dite de FERRARIS (entre 1771 & 1777), semble confirmer l’hypothèse de Monsieur COLLET. On remarque, en effet, plusieurs enclos bien délimités par des haies vives. Nous remercions Monsieur Maurice EVRARD, de Chanly, pour nous avoir permis de publier cette carte.
Francis COLLET (avec l’aimable autorisation de l’auteur).
Ce texte a été publié dans la brochure, aujourd’hui épuisée « Chanly aux temps oubliés » (Edition du Centre d’Histoire et de Traditions de Wellin – 1992).